Que nous racontent les vitraux ?

Les verrières basses font ordinairement la place à vingt/trente panneaux, dont le déroulé, scénarisé à la manière d’une bande dessinée, permet – de bas en haut – de suivre un récit, riche d’anecdotes et de rebondissement. On y rencontre des pages de l’Ancien testament (Création, Noé, Joseph), des paraboles tirées des évangiles (Bon Samaritain, Fils prodigue) et des récits apocryphes au sujet de Marie (Dormition et Assomption de la Vierge). Certaines verrières font appel aux épisodes héroïques tirées de l’histoire de France (saint Rémi, Charlemagne), aux hagiographies locales (saint Lubin) et aux témoignages issus d’évènements récents (saint Thomas Becket).

Cependant, l’essentiel du programme est tiré de la vie des saints, dont Jacques de Voragine assurera la compilation quelques décennies plus tard : apôtres (Paul, Thomas, Jacques, André…), martyrs (Étienne, Vincent, Pantaléon…), ermites (Paul et Antoine d’Égypte) ou prélats (Nicolas, Germain d’Auxerre…).

Voir : L’inventaire complet des verrières basses – Thème / Donateur / Iconographie (pdf)

Voir : Numérotation des verrières (pdf)

 

Inversement, les verrières hautes, au-dessus du triforium, déploient un cortège de prophètes, saintes et saints, le regard déjà tourné vers l’éternité. Leur manière est celle de nos posters.
Ces figures colossales, destinées à être vues depuis le sol, participent de la Jérusalem céleste que souhaite évoquer l’édifice : une ‘haie d’honneur’ ouvrant à la gloire divine.

Voir : L’inventaire complet des verrières hautes – Figures / Donateur / Modifications (pdf)

 

Trois roses complètent les verrières narratives et monumentales et montrent à quel point le vitrail prend l’ascendant sur la pierre, en moins de vingt ans :

La rose ouest est la plus ancienne. Le remplage – noir avec l’effet du contre-jour – demeure présent. Les scènes décrivent l’Apocalypse : les anges sonnent leurs trompettes et réveillent les morts, qui sont engloutis par Léviathan ou accueillis dans le sein d’Abraham. Apôtres et évangélistes entourent le Christ du jugement dernier.

La rose sud, offerte par la famille du compte de Dreux, représente les vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse, autour du Christ de la fin des temps.
Au-dessous, les quatre évangélistes sont perchés sur les épaules des prophètes Isaïe, Daniel, Ézéchiel et Jérémie : « Nous sommes des nains juchés sur les épaules des géants, voyant plus loin que ceux qui nous portent mais sans qui nous ne verrions rien« .

La rose nord, offerte par Louis VIII et Blanche de Castille, parvient à transformer l’intégralité de la paroi en vitrail, remplissant les écoinçons des armes de France (lys or sur fonds bleu) et de Castille (châteaux or sur fonds rouge).
Le remplage allégé, usant de médaillons losanges avec un rare sens créatif, met en valeur les couleurs, aux tonalités chaudes. On y voit la Vierge, entourée des rois de Juda et de prophètes.
Au-dessous, quatre ‘préfigures’ du Christ résonnent comme une annonce de sa venue future : Melchisédech, Salomon, David, Aaron.