Dans le vitrail de saint Lubin, on voit avec quelle insistance sont représentés la ceinture offerte par un moine à saint Lubin et le lectionnaire qu’il porte avec lui sur la fin de sa vie.

un moine donne un alphabet à saint Lubin © NDC, fonds Gaud

Saint Lubin méditant l’Évangile © NDC, fonds Gaud

En réalité, la ceinture et le livre font partie au XIIIe siècle des reliques les plus célèbres de Chartres – où l’histoire légendaire du saint semble assez populaire.

 

Ces deux objets étaient déposés dans la châsse du Voile de La Vierge, faite par l’orfèvre Teudon au Xe siècle, où ils restèrent à l’abri des regards, pendant plusieurs siècles. Quand l’ouverture de la châsse eut lieu en 1712, on trouva – en plus du Voile et de quelques tissus – beaucoup d’autres objets, dont une ceinture de cuir munie d’une boucle d’ivoire et un petit manuscrit contenant le texte du quatrième évangile, des ossements et des cheveux. La plupart des reliques avaient été jetées pêle-mêle dans la châsse. Il y avait bien quelques inscriptions mais la plupart d’entre elles n’adhéraient plus aux objets. On en remarqua une cependant, qui attestait que la ceinture et le livre avaient appartenu à Saint Lubin. En 1793, quand on procéda au démembrement de la châsse pour en récupérer les pierres et diamants et avant de fondre l’or et l’argent, les reliques furent sommairement énumérées dans le procès verbal et « renfermées dans le trésor de ladite sacristie » en attendant « qu’on en disposât « d’une autre manière » ». On sait à peu près ce qu’il advint de la relique majeure, la sainte Chemise, ainsi que du ‘voile d’Irène’ partagés en plusieurs morceaux, dont plusieurs revinrent plus tard en possession de Mgr de Lubersac. Par contre, on ne sait rien de ce que devint la ceinture, à l’instar des fragments épars.

Quant au livre, emporté à Paris vers la fin de 1793 par l’ex bénédictin Poirier, chargé de prélever les manuscrits les plus précieux des anciens dépôts, il porte aujourd’hui le numéro 10349 du fonds latin de la bibliothèque nationale. C’est un petit volume (7,5 cm X 5,5 cm) écrit en onciales et reproduisant le texte de l’évangile selon saint Jean. Bien que le catalogue l’ait attribué au VIIIe siècle, l’étude des caractères a conduit plusieurs scientifiques à remonter la datation au VIIe siècle, voire même à la seconde moitié du VIe siècle. L’actuel répertoire postule une copie en Italie au Ve ou VIe siècle, ce qui pourrait correspondre alors avec une utilisation par St Lubin (mort vers 557).

livre de st Lubin (texte : extrait de l’évangile de Jean)

Le texte que vous pouvez lire sur ces pages correspond à un court passage du chapitre VII de l’évangile de Jean : « …puis je m’en vais vers celui qui m’a envoyé. Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas, et vous ne pouvez venir où je serai. Sur quoi les Juifs dirent entre eux : Où ira-t-il, que nous ne le trouvions pas ? Ira-t-il parmi ceux qui sont dispersés chez les Grecs, et enseignera-t-il les Grecs Que signifie cette parole qu’il a dite : Vous me chercherez et…».

un moine donne un alphabet à saint Lubin © NDC, fonds Gaud
livre de saint Lubin (texte : extrait de l’évangile de Jean) © numéro 10349 du fonds latin de la bibliothèque nationale
Saint Lubin méditant l’Évangile © NDC, fonds Gaud