pourquoi unique, Notre-Dame du Pilier, cathédrale Chartres

Lieu majeur de dévotion, au sujet duquel on entend souvent quelques approximations.
Pour répondre aux questions de nos lecteurs, voici un bref résumé historique, tel que paru dans la revue Notre-Dame de Chartres.

(suite et fin)

En 1791, l’évêque constitutionnel, Bonnet, lui substitua la Vierge de Sous-Terre et pour s’en débarrasser, on la déposa quelque part dans la crypte. Sans valeur matérielle, elle ne tenta personne et traversa sans dommage la période révolutionnaire.

Retrouvée lors du rétablissement du culte, elle reprit sa place dans la nef, sur la colonne qui avait supporté, avant 1793, la Vierge de Sous-Terre. Un peu plus tard, en 1806, M. Maillard, insermenté, revenu d’exil, deuxième curé après le Concordat, la plaça là où elle se trouve encore, sur une colonne de l’ancien jubé, ce qui lui valut le nom de Notre-Dame du Pilier.

On la présenta d’abord dans un assez pauvre décor, remplacé après 1831 par les boiseries actuelles dues à l’initiative du chapelain M. Lapierre.

Depuis lors, Notre-Dame du Pilier a été l’objet, en certaines circonstances mémorables, de manifestations attestant la piété des fidèles. Nous citerons seulement son couronnement, au nom de Sa Sainteté Pie IX, le 31 mai 1855. Ce jour-là, l’éloquent évêque de Poitiers, Mgr Pie, prononça un discours mémorable bien souvent cité.

Tous les visiteurs de notre cathédrale – il en est de trop pressés, et c’est dommage pour eux – ne connaissent pas Notre-Dame de Sous-Terre. Mais tous, mêmes les moins attentifs, remarquent cette Vierge devant laquelle brûlent des cierges. Il n’y a guère que les Chartrains qui aient l’occasion de la voir – une fois par an, le 31 mai – sans les riches vêtements qui la couvrent d’ordinaire.

C’est une belle œuvre d’art où se reconnaissent les caractères de la sculpture et de la polychromie de la Renaissance. Mais l’attitude de Marie est bien celle des Vierges du XlIIe siècle : assise, la tête droite, elle tient l’Enfant Jésus sur son genou gauche. Ce que nous avons dit plus haut explique ce contraste : on a voulu, au XVIe siècle, reproduire, librement d’ailleurs, la Vierge du maître-autel, datant alors d’environ trois siècles.

Un mot pour terminer. Contrairement à ce que peuvent faire croire certains ouvrages, c’est bien Notre-Dame du Pilier qui est la « Vierge Noire », parce que la peinture qui couvre son visage a disparu, laissant voir le bois noir dont elle est faite.
On l’appelait autrefois « la (grande) Vierge Noire » pour la distinguer de « la (petite) Vierge Blanche » d’albâtre, placée au XIVe siècle devant le jubé, mais du côté opposé. C’est fausser la tradition que d’appeler « Vierge Noire » la Vierge de la crypte.