Quelques jours avant Noël et comme pour chaque grande fête carillonnée, le tapis du huitième centenaire a été mis en place. Ce vendredi 23 décembre 2022, Davit (sacristain) et Henri (gardien – sacristain) œuvraient dans la fraîcheur matinale, pour ajuster les 4 éléments autour de l’autel.
Un peu d’Histoire…
À l’occasion du huitième centenaire de la cathédrale en 1994, l’artiste Hervé Lelong (peintre cartonnier à Aubusson) avait proposé au recteur François Legaux, de créer un tapis pour orner la croisée du transept autour du nouvel autel de marbre & d’argent créé par l’orfèvre Goudji, et poursuivre ainsi la chaîne séculaire des travaux d’ornementation de la cathédrale.
Il offre les cartons de quatre tapis qui seront exécutés dans la tradition de la tapisserie d’Aubusson. C’est alors le début d’une grande aventure humaine…
Mis en place à la cathédrale à la Pentecôte 2000, le tapis du 8e centenaire a pu être réalisé grâce à la volonté et la ténacité de plus de 200 bénévoles, sous la houlette de Hervé Lelong et de son épouse Véronique. C’est aussi grâce à la générosité des quelques 700 donateurs, qui comme les brodeurs et brodeuses bénévoles, sont originaires de France, d’Europe et du monde entier.
Il aura fallu 7 ans, 64172 heures de travail pour broder les 292 carrés qui forment ce tapis. Un point spécial a été utilisé pour donner une plus grande solidité et homogénéité au tapis : le point de Chartres, combinaison du point de croix et du point de Saint-Cyr. Il y aura eu ainsi 37 100 800 passages d’aiguille, pour une surface de 74 m2 et un poids de 146 kg (sans la doublure – 140 kg de laine).
Chaque brodeur et brodeuse a pu imprimer sa marque, en signant au dos d’une petite pièce de tissu, sur laquelle il confiait son identité ou son intention de prière.
De grands motifs symboliques s’insèrent sur un fond rouge et bleu, rappelant les tons des vitraux. Certains éléments symboliques peuvent être découverts dans la statuaire et les vitraux de la cathédrale.
Sur le tapis installé vers le transept nord : un arbre, celui de la Création, tel que décrit dans le livre de la Genèse (chapitre 2, verset 9) « l’arbre de vie au milieu du jardin ».
Au sud, un autre arbre, l’arbre de vie du livre de l’Apocalypse (fin des temps) (chapitre 22, verset 2) « au milieu de la place de la cité et les deux bras du fleuve, est un arbre de vie produisant douze récoltes ».
Les colombes (faisant écho aux mosaïques de Ravenne) : l’une buvant à la fontaine rappelle que l’on peut s’abreuver aux sources vives de la Parole de l’Écriture, l’autre écoutant cette Parole proclamée.
Les pains et les poissons : symboles de l’offrande eucharistique et aussi une allusion à la Multiplication des pains.
Le paon, situé sur le tapis ouest, du côté de la nef, est symbole d’éternité tandis que le phénix symbolise la Résurrection. Le pélican, placé à l’est, vers le chœur, là où se tient le prêtre pour célébrer la messe, symbolise le Christ dans son Eucharistie.
Le blé (nous sommes en Beauce), pour le pain et la vigne pour le vin, signifient tous deux l’Eucharistie.
Les lys blancs symbolisent la virginité de Marie.
Le tapis est disposé au transept, autour de l’autel réalisé par Goudji, aux grandes fêtes carillonnées : la Toussaint, de la veille de Noël à l’Épiphanie, du samedi saint au lundi de Pentecôte, et le 15 août (Assomption).