Les maîtrisiens de la cathédrale avaient, parait-il, un habit très remarquable – jusqu’aux années 50. En quoi était-il original ? En existe-t-il encore certains exemplaires ?
Les jeunes maîtrisiens, ceux de l’ « œuvre des clercs« , avait en effet une tenue caractéristique, qui les faisait reconnaitre à la fois des chartrains, qui étaient profondément attachés à cette institution, des autres diocèses (dont plusieurs avaient aussi une maîtrise réputée) ainsi que des étrangers : on sait qu’au XIX°, la réputation de certaines voix exceptionnelles dépassait les frontières.
Cet habit rouge est mentionné dans plusieurs œuvres littéraires, parmi lesquelles « la cathédrale » de HUYSMANS ou une lettre de PROUST. Les enfants y étaient particulièrement attachés. On a du mal à imaginer aujourd’hui l’esprit de corps qui régnait d’ailleurs dans la maîtrise : on priait en l’honneur des professeurs de la première génération, on publiait les mémoires de prêtres issus de ses rangs.
Les maîtrisiens s’en vêtaient dans l’ancienne salle capitulaire, au rez-de-chaussée de la chapelle saint Piat et processionnaient à la fois vers Notre-Dame de Sous-Terre, par l’entrée sud de la crypte et vers le chœur de la cathédrale, par un escalier débouchant dans la chapelle axiale. Plus tard, le « vestiaire » fut transféré au baptistère.
Les « grands » maîtrisiens étaient habillés en soutane noire, et surplis – comme la majorité des clercs avant le concile Vatican II.
Pour les plus « petits », ils portaient une soutane rouge, un surplis en dentelle blanche, une très large ceinture (en satin rouge, ou peut-être un taffetas broché), une mosette rouge bordée de véritable hermine, un calot rouge ; et – pour le service de la cathédrale – des chaussons rouges au toucher assez feutrés.
Cet habit des petits maîtrisiens, tout au moins la mosette et la ceinture, furent offerts par l’impératrice Eugénie, femme de Napoléon III – sur ses fonds personnels. On peut le dater des années 1860/62. Le rectorat de la cathédrale conserve encore une cinquantaine de mosettes, en assez bon état.
Nous devons plusieurs de ces renseignements à Nelly NOUVELLON, guide du service Accueil-Visites, récemment décédée, dont l’époux avait fait partie intégrante de la maîtrise, où il tenait même fréquemment un rôle de soliste. Ainsi nous nous souvenons avec émotion de notre amie Nelly et avons une pensée pour François.