La réalisation de la sculpture monumentale, consacrée à la Vierge Marie (chœur de la cathédrale – fin du XVIIIe siècle) n’a pas été un long fleuve tranquille.
Dès les carrières de Carrare, en Italie, les problèmes commencent pour le sculpteur Bridan, qui doit y choisir ses matériaux…

La saga continue : depuis le port de Marseille jusqu’aux portes de la cathédrale…
Nous vous livrons encore les documents originaux – in extenso, tant on y retrouve la réalité du chantier.

Dépenses de marbres – transport de Marseille à Marly – contrat :
“Nous, soussignés, Pierre d’Hozier, chanoine de l’église cathédrale de Chartres… et Gaspard Jonniaux, maître sculpteur, marbrier… sommes convenus de ce qui suit…
…moi Jonniaux m’oblige de faire recevoir à mes dépens tous les marbres statuaires qui viennent d’Italie, destinés pour la décoration de la dite église de Chartres et qui doivent débarquer à Marseille, de les y faire rembarquer aussi à mes dépends et de les rendre au port de Marly le roi, me chargeant de tous les fris de débarquement, embarquement à Marseille, au havre et autres lieux du trajet jusques et y compris le débarquement au dit port de Marly, dans un endroit où ils puissent rester en sûreté jusqu’à ce que les voitures du dit chapitre les enlèvent à ses frais, me chargeant de tous les frais de vaisseaux, avaries, frets, droits de passage, de mer et autres, généralement quelconques, sans toutefois que je réponde du danger de la mer, à conditions que mes dits sieurs du chapitre me paieront la somme de douze livres par pied cube des dits marbres, de quelque grosseur et pesanteur que soient les blocs, laquelle somme me sera payée sous quinzaine après l’arrivée des dits blocs au port de Marly…
Moi, d’Hozier… promet faire payer audit sieur Jonniaux la somme de douze livres par pied cube de tous les blocs de marbre statuaire destinés pour notre église… consentant que le dit Jonniaux ne demeure point garant des évènements de la mer, mais sera tenu le dit sieur d’exécuter les conditions ci-dessus spécifiées…
Fait en double à Paris ce quinze juillet 1770 D’Hozier, chanoine Jonniaux”.

Dépenses de marbres – transport de la porte de Trappes à la cathédrale de Chartres – contrat :
“Nous, soussignés, Pierre d’Hozier, chanoine de l’église cathédrale de Chartres… et jean Gents mechanicien hydraulique ordinaire des bâtiments associé avec louis Anosée dit Christophe, aussi entrepreneur des dits bâtiments de sa majesté, demeurant à versailles…sommes convenus de ce qui suit :
…Nous, après avoir examiné plusieurs fois les six caisses de marbre qui sont sur des lisses, traïnées sur des madriers plats, disparates, graissées de savon et tirées à force d’hommes, de vindas et de câbles, ayant calculé la grosseur, pesanteur et dimensions des dits six blocs qui sont actuellement à la porte de trappes, nous nous obligeons de les transporter de la sus dite manière et dans le même état de douceur, sans nous servir de chariots de voitures, d’essieux ou roues quelconques hautes ou basses, sur les quatre mêmes lisses, nous chargeant des frais de toutes espèces comme cordages, vindas, lisses, madriers, crics, ferrements, savon, graisse, lumière pendant la nuit, payement et nourriture de tous les ouvriers nécessaires, de veiller à éloigner les voitures qui s’approcheraient de trop près des dits blocs ; nous soumettons à rendre à l’intérieur de la dite cathédrale de Chartres, au lieu qui nous sera indiqué, aux environs du quinze décembre de la présente année, quelque temps qu’il fasse, les six blocs en bon état, sans aucune fracture, moyennant la somme de six mille livres pour généralement toutes choses et sans que Messieurs du chapitre soient tenus à aucun dédommagement pour quelque causes et accidents que ce puisse être ; à la condition néanmoins que ces Messieurs nous prêteront les vindas, lisses, madriers et les quatre cordes qui jusqu’à ce jour ont servi audit transport, nous obligeant de les leur rendre à la fin de l’ouvrage dans l’état où ils seront alors et d’en faire fournir de neufs à nos dépends si nous en avons besoin…
Et nous chanoine consentons l’exécution des clauses ci-dessus et promettons faire payer… la somme de six mille livres en plusieurs payements ainsi qu’il suit : savoir à Coinières quand les six blocs y seront arrivés, six cent francs ; à Rambouillet six cent francs, à Epernon six cent francs, six cent francs à Maintenon et le restant à Chartres lorsque les blocs seront rendus dans la dite église et que toutes les autres choses du présent marché seront remplies.
Fait en double entre nous à Versailles, à l’hôtel du cheval rouge où les parties ci-dessus ont élu domicile ce trois novembre 1771. D’Hozier, chanoine.

Quittance Je reconnais conformément au marché ci-dessus que j’ay reçu des Messieurs du chapitre de Chartres la somme de ix mille livres pour le transport de leurs blocs de marbre que j’avais entrepris, au moyen de la présente quittance, toute lettre, acquis, acompte de moi ou de mes ouvriers demeure nul et de nul effet.
A Chartres pour solde de tout compte, fait en présence et du consentement du sieur Anosée mon associé, a déclaré ne savoir signer, ce vint deux décembre 1771.
Signé : Gents”