par Félicité Schuler-Lagier, Interprète-conférencière au Centre international du Vitrail
avec l’aimable autorisation de Chartres Sanctuaire du Monde
(…) Dans les vitraux de la cathédrale de Chartres, cloisons diaphanes d’un brillant réseau de lumière, re étant l’azur des saphirs et le feu des rubis, les couleurs lumineuses des verres utilisés amenaient l’homme du Moyen Âge à les rapprocher des pierreries, dont chacune était l’emblème d’une vertu chrétienne. Ainsi, les harmonies et l’éclat de chacune des gemmes bibliques rayonnant depuis les fenêtres, se lisaient comme un message mystérieux tiré des Écritures.
Les vitraux de Chartres comportent encore des nimbes, mais aussi les vêtements des saints personnages, souvent timbrés de perles (Fig. 2) et de pierreries (Fig. 3).
Le savant Traité des Divers Arts du moine Théophile, du XIIe siècle, décrit le procédé qui permettait à l’imagier verrier d’imiter les pierres précieuses, en fusionnant des cabochons de verre coloré sur un verre de support en utilisant la grisaille cuite au four comme collage.
Dans leur acceptation universelle et bien attestée au Moyen Âge, ces pierres précieuses font invariablement allusion aux vertus des prédestinés, comme le fait saint Paul (1 Cor 12), quand il dit que les œuvres des hommes seront estimées à leur vraie valeur, selon qu’ils auront employé pour construire l’édifice spirituel de leurs œuvres, l’or, l’argent, les pierres précieuses, ou le bois, le foin ou la paille…
Dans un sens moral, tropologique, les pierres précieuses nommées dans la Bible, outre leurs relations précises avec les différentes vertus, ont aussi figuré au Moyen Âge, les douze articles du symbole de la foi catholique, le Credo, fondés sur les propriétés reconnues ou attribués à ces gemmes. Les gemmes, qui ainsi rehaussent l’éclat des vêtements des personnages des vitraux, s’accordent au caractère céleste de ces saints honorés, et symbolisent l’âme chrétienne avec l’éclat de ses vertus.
(à suivre, la fin de cet article : « La symbolique du poisson céleste »)
Article original publié dans la Lettre de Chartres Sanctuaire du Monde (novembre 2020)