Le Portail Sud

Il déploie l’histoire de l’Église, depuis les apôtres qui avaient suivi le Christ (au centre) jusqu’aux témoins de la Foi (à gauche et à droite). Les grandes statues des ébrasements s’articulent avec de petites scènes qui occupent les piles avancées des porches – les plus extérieures. Toutes les époques sont évoquées : les premiers disciples sont représentés par Étienne dont le martyr, décrit dans les actes des apôtres, a lieu vers 35 ; les contemporains le sont par Thomas Becket, assassiné dans sa cathédrale en 1170 et dont le secrétaire, Jean de Salisbury, devient quelques années plus tard évêque de Chartres.

Le Christ ‘Enseignant’ occupe le trumeau du portail central. Les apôtres, reconnaissables à leurs attributs – sont rassemblés à ses côtés, à commencer par saint Pierre et saint Paul.

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La porte de gauche est celle des martyrs : saint Étienne, saint Clément, saint Laurent, saint Denis… Deux chevaliers, au style très réaliste, complètent la série. On pense aujourd’hui qu’il s’agit de saint Georges, soldat d’Orient et de Roland, le héros de Roncevaux, que plusieurs textes cléricaux de la fin du XII^e siècle appellent ‘saint Roland’. Au linteau et tympan, saint Étienne est lapidé sous les murs de Jérusalem : il voit les cieux s’ouvrir et le Christ le bénit.

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La porte de droite est celle des confesseurs – pour la majorité d’entre eux évêques des premiers siècles de l’Église : saint Nicolas, saint Ambroise et saint Silvestre à gauche, saint Martin, évangélisateur de la Gaule, saint Jérôme, traducteur de la Bible dont le physique trapu laisse deviner l’harassant travail intellectuel, saint Grégoire le grand, pape et réformateur du chant liturgique, dont les habits sont couverts de broderies.

Deux statues, à nouveau, complètent les précédentes y apportant un regard plus ‘local’ : saint Avit et saint Laumer ont fondé des abbayes dans l’ancien diocèse de Chartres.

Au linteau et au tympan, sont représentées deux scènes populaires de la vie de saint Martin – partageant son manteau avec un pauvre et de saint Nicolas – donnant sa bourse à un père ruiné rendu à prostituer ses trois filles.

Ainsi le partage des biens ou la divulgation du message évangélique auprès du plus grand nombre font contrepoint au don ultime qu’est le martyr. Ils procèdent de ce qu’enseigne le Christ et trouvent leur aboutissement dans une réconciliation définitive avec le Christ de la fin des temps.

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Le jugement dernier, occupe le linteau central : les âmes sont pesées par l’archange saint Michel, les anges séparant ceux qui sont jetés dans la gueule de l’enfer et ceux qui rejoignent l’éternité bienheureuse dans le sein d’Abraham. Rien de terrifiant, les sculpteurs insistant davantage sur la diversité sociale de ceux qui se détournent du bien : rois, moines, bourgeois…

Au tympan, le Christ et Marie intercèdent pour l’humanité, tandis que les anges tiennent les instruments de la passion : parce qu’il a souffert la mort sur la croix, avant de ressusciter, le Christ peut juger l’humanité et l’appeler à participer définitivement à sa plénitude.

Ce programme est complété, sur deux piles avancées du porche, par les figurations des vices et des vertus. Autant les vertus sont représentées abstraitement sous la forme de femmes tenant divers objets symboliques, autant les vices donnent lieu à d’authentiques scènes de vie, pleines de verve : la discorde est une scène de ménage ; l’orgueil se fait désarçonner de son destrier ; la dureté repousse du pied un serviteur à genoux ; l’inconstance quitte son monastère en laissant sa bure au pas de la porte…

Une restauration du portail sud est envisagée à moyen terme. Sans doute conserve-t-il sous les couches noirâtres dues aux intempéries et aux pollutions atmosphériques, d’importantes traces de polychromie.