Cadrans solaires, horloges astrolabiques, et bien plus encore, le temps entier est représenté dans la cathédrale, du porche nord au porche sud, de la création du Monde au Jugement dernier, de l’Alpha à l’Oméga…
Comment le temps est-il mesuré dans la cathédrale, comment est découpée la journée
…?
Extrait d’une conférence du Cycle thématique-Printemps 2023 du Service Accueil & Visites de la cathédrale.

Le cadran solaire en forme de soleil

Nous n’avons malheureusement que peu d’informations sur ce cadran solaire que nous appellerons « Soleil » à cause de sa forme.

L’historien Bulteau nous dit « dans l’angle de l’arcade au-dessus de l’âne qui vièle, existe une méridienne verticale. Elle a été placée là en 1763 par le chanoine De Bengy ».
Une délibération capitulaire nous apprend que la pierre sur laquelle est tracé le cadran provient de l’ancien jubé.
Effectivement, le Jubé en pierre du XIIIe siècle a été démonté en 1763.

L’ange au cadran 

Ce cadran solaire est admiré de tous. Mais celui qui en parle le mieux c’est Auguste Rodin.
Pour lui, admirateur inconditionnel de la cathédrale de Chartres (Les cathédrales de France), « C’est l’ange de Chartres » « cette fierté ! Cette noblesse !… Du haut de sa solitude, il regarde avec joie la ville dans une attitude d’annonciation… » « L’heure se marque sur lui comme une sentence sur un livre ».

Atteint de la maladie de la pierre due à la pollution, il fut déposé le 4 juillet 1968 et mis à l’abri dans la crypte, comme six autres statues colonnes dans les années 1970.

L’ange au cadran original, dans la crypte.

Une copie réalisée par Monsieur Barbier est reposée le 4 avril 1974.
La dépose de cette statue a permis en partie de comprendre son histoire. On remarqua en effet dans l’angle du clocher un gond en fer, qui devait supporter à l’origine une statue avec un cadran solaire de petite taille comme à Gênes.
La statue actuelle est tenue par un autre dispositif.

Ce cadran solaire présente plusieurs styles :
– la statue proprement dite révèle le même style que les statues colonnes de la baie centrale du portail royal. Elle a les pieds nus comme les apôtres. La seule statue aux pieds nus du portail royal tient un livre, on pense à Saint-Mathieu.
– la statue de l’ange au cadran est imberbe. Elle pourrait représenter Saint-Jean, le jeune apôtre préféré de Jésus-Christ. Cette statue se trouvait peut-être à l’origine de l’autre côté en vis-à-vis de Saint-Mathieu puisqu’il manque une statue sur cet emplacement. L’avant-bras droit qui était peut-être levé et le poignet gauche ont été sauvagement sciés, ce qui confirme qu’elle n’était pas prévue pour être mise en place derrière un cadran.
– les ailes et le cadran solaire sont du XVIe siècle.
La date sur le cadran solaire indique 1528 ; c’est entre 1525 et 1528 que fut mise en place l’horloge astrolabique de la clôture du chœur. Ce cadran solaire servait probablement à régler cette horloge.

Ce cadran solaire présente plusieurs styles.
La statue révèle le même style que les statues colonnes de la baie centrale du portail royal.
L’avant-bras droit qui était peut-être levé et le poignet gauche ont été sauvagement sciés, ce qui confirme qu’elle n’était pas prévue pour être mise en place derrière un cadran…
La date sur le cadran solaire indique 1528.

D’autres cadrans solaires existent dans de nombreuses églises – à Strasbourg, Laon, Amiens…

Les montres solaires

La voussure qui cerne directement le tympan de la baie centrale du portail royal et qui entoure le Christ en majesté est peuplée de douze anges. Sept d’entre eux portent sur l’une de leurs mains, voilées d’un pan de manteau, un objet curieux que certains prennent pour un astrolabe. Il s’agit d’un objet métallique dont les détails sont sculptés avec soin : cet instrument est une montre solaire.
Ces montres solaires comportent un œilleton que l’on dirige vers le soleil. Le rayon lumineux se projetait sur un cadran ; ainsi on pouvait lire l’heure solaire.
C’est monsieur Philippe Fretigne, chercheur et collectionneur d’instruments scientifiques anciens, qui a reconnu cet objet. Cette montre est tout à fait à sa place ici puisqu’elle évoque à la fois l’heure, le temps, le système solaire et l’espace. Elle peut aussi symboliser l’absence de temps, l’éternité. Notons dans les mains des autres anges : des livres, des parchemins – signes de la connaissance.

Dans d’autres églises, Laon, Sens, Rouen… parmi les arts libéraux, l’Astronomie tient une forme circulaire barrée d’un zigzag de style beaucoup moins réaliste et précis. Il s’agit peut-être du même instrument ?

à suivre…

 

Extrait d’une conférence donnée par Christine Afota et Georges Athanassiadis, guides au Service accueil & visites de la cathédrale, dans le cadre des Cycles thématiques (Printemps 2023).