Dernier étage fermé de la flèche Jehan de Beauce. Une salle singulière, dans un octogone au périmètre restreint. De la balustrade, un panorama à 360°, s’il n’était l’extrême pointe de la flèche romane, d’une pureté saisissante.

Là se trouve le logis des guetteurs de la cathédrale, chargés pendant des siècles du bon fonctionnement du timbre, en plus de la surveillance d’éventuels départs de feu en ville. Plusieurs fois par nuit, ils devaient en franchir la porte et scruter patiemment l’horizon.
Le long de la paroi nord, un escalier étroit, à l’esprit encore très ‘XVe siècle’ monte vers l’étage du timbre – un peu vertigineux, en appui sur des consoles engagées dans le mur.
Le long de la paroi nord, une cheminée, à laquelle pouvaient se réchauffer les guetteurs, puisque la pièce est entièrement édifiée en pierre.
Et sur les parois Est et Ouest, de nombreux graffitis… Des siècles d’escaladeurs.
On ne saura jamais bien qui est cette Élisabeth qui témoignait de son passage en 1821.
On devine que les noms à connotation anglo-saxonne datés de 1944, correspondent aux GIs qui y avaient été envoyés pour prévenir d’un éventuelle contre-attaque des colonnes allemandes.
Les deux graffitis de 1794 sont-ils le fait de réels sans-culottes ou de badauds profitant d’une cathédrale désaffectée ?

Ce qui apparaît néanmoins le plus clairement, ce sont de larges pierres gravées avec application par ceux qui pouvaient s’y adonner des heures durant, pour tuer l’ennui : tous les guetteurs sont là, ou presque, qui ont ainsi laissé un témoignage sur leur lieu de travail, depuis le XVIe jusqu’au tout début du XXe siècle.
C’est réellement un lieu touchant que ce nid d’aigle habité de leur souvenir. Pour un employé mentionné dans nos archives, un nom sur les murs en lettres capitales, 75 mètres plus haut. La règle ne souffre presque pas d’entorse.
Exception faite de Claude Bonvallet qui s’y signale trois fois à notre vigilance – avec pour date l’expiration de ses fonctions en 1614. Eh bien, Claude, avec 393 ans de décalage, sache qu’on pense bien à toi – toi à qui, de tout là haut, la flèche de la cathédrale doit paraître bien petite…

Rampe de l'escalier d'accès à la salle des sonneurs (300 marches) ©NDC
Vue sur l'extérieur depuis la salle des sonneurs ©NDC
Flèche sud, vue du niveau de la salle des sonneurs ©NDC
Escalier intérieur de la salle des sonneurs ©NDC
Cheminée de la salle des sonneurs ©NDC
Cheminée de la salle des sonneurs ©NDC
Partie du beffroi en bois supportant une cloche ©NDC
Une des cloches de la cathédrale (Joseph, petit bourdon ©NDC
Graffitis - signatures dans la salle des sonneurs ©NDC
Graffitis - signatures dans la salle des sonneurs ©NDC
Graffitis - signatures dans la salle des sonneurs ©NDC
Graffitis - signature de Pierre Valois, Maître sonneur en 1763 ©Delauney
Graffitis - signatures de Louis André, maître sonneur en 1815 ; et de Claude Bonvallet, maître sonneur en 1614 ©Delauney
Graffitis - signatures dans la salle des sonneurs ©Delauney