Aux questions qui parviennent au rectorat de la cathédrale – surtout au travers des guides du Service Accueil-Visites – nous répondons parfois en images. Les sujets sont variés et mettent parfois en relief des aspects insoupçonnés de la cathédrale…
Passionné (à la fois) de nautisme et de vitraux, je me suis naturellement posé une question à laquelle l’étonnante base de données que sont les vitraux de la cathédrale apporte peut-être des éléments de réponse : quels aspects avaient les poupes et les proues des embarcations vers 1200 ?
Votre question est intéressante et elle permet en effet de constater à quel point la cathédrale représente une des sources documentaires les plus complètes sur les techniques médiévales.
En réalité, l’embarcation des années 1200, à fond plat, n’a pas de « sens », n’étant pas profilée pour fournir une étrave facilitant la pénétration dans l’eau. C’est dire que poupe et proue sont confondues.
On compte environ vingt-cinq représentations de bateaux. Dans la majeure partie des cas, pour peu que l’on distingue les deux extrémités, l’une d’elles finit par une simple poutraison tandis que la deuxième prend la forme d’une « fourche ». À y regarder de près, cette fourche sert à enrouler des cordages : c’est très probablement le rangement des amarres du navire. Il existe aussi quelques variantes, sans doute inspirées des navires scandinaves : plusieurs enroulements en forme de spirale et surtout diverses figures d’animaux monstrueux.
Ces détails paraissent correspondre aux navires construits dans les années 1200, même s’il faut toujours prendre des précautions et mesurer la part de « nouveauté » qu’acceptent les maîtres verriers : leurs modèles correspondent essentiellement à des stéréotypes, à la façon d’un enfant qui dessinerait encore un train un vapeur, passé l’an 2000.
À moins qu’ils ne soient des utilisateurs habituels. Or les verriers, rappelons-le, sont des voyageurs…
